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terres de soleil et de sommeil

à me reconnaître, parmi toutes les misères de notre époque.

Maintenant, ma vie est toute brillante et tissée de fils éclatants. Loin des miens, je sais entendre en moi et retrouver cette résonance lointaine, infiniment lointaine, qui retentit depuis des siècles, à travers les consciences de mes ancêtres, jusqu’à étouffer toutes les chansons du monde, tous les murmures humains. Cette voix-là me recommande le courage et m’annonce les prochaines victoires.


Je sais que je dois me croire supérieur aux pauvres Bayas de la Mambéré. Je sais que je dois avoir l’orgueil de mon sang. Lorsqu’un homme supérieur cesse de se croire supérieur, il cesse effectivement d’être supérieur. Avec son orgueil, un peu de lui-même disparaît, un peu de la meilleure partie de lui-même. Lorsqu’une race supérieure cesse de se croire une race élue, elle cesse effectivement d’être une race élue. Lorsqu’une race forte cesse de croire à sa force, elle cesse effectivement d’être