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terres de soleil et de sommeil

elle sera délaissée — maintenant que nous savons tout et que nous n’aimons plus — la vieille colonne, dressée toute seule, parmi les ruines de nous-mêmes…

Mais tant qu’il y aura des hommes de lutte et de douleur, tant qu’il y aura des tristes et des forts, on ira mourir là-bas, avec une adorable joie, comme vont mourir des vagues sur une plage déserte.


Leur âme, à ces chevaliers de la mort, n’est point pareille à celle des autres. Ils sont, ceux-là, les voyageurs et les soldats. Ils sont ceux qui marchent, ceux qui n’en peuvent plus de marcher et qui veulent mourir de leur idée. Comment ressembleraient-ils aux autres, à ceux qui restent en place, enclos dans leur monotone et inféconde songerie ?

Nos idées morales sont le reflet même de notre vie tout entière. La qualité de notre âme est faite aussi bien de ce qu’il y a de plus intime et de plus inné en nous que du genre de vie que nous menons, des impressions qui