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terres de soleil et de sommeil

resse. Et au delà du village, un large sentier sablonneux mène au bord d’un ruisseau dont l’eau est divinement fraîche.

Ah ! ces eaux de la Sangha, qui semblent surgir des profondeurs de la terre et qui emplissent la bouche de volupté, celles que l’on boit à même les rivières, pendant les longues marches au soleil, les eaux divines qui enivrent le voyageur, par leur vertu magique !

Dans le ruisseau, des hommes se baignaient. Une petite plagette de sable fin descendait dans le lit du ruisseau qui s’enfonçait aussitôt après sous une voûte épaisse de feuillage. Et derrière la pente adverse, sur l’autre rive, le soleil mourait, violent comme un velours cramoisi. En dessous de son orbe gigantesque, stagnaient des verts, des violets, des ocres, des mauves qui semblaient un vitrail de cathédrale, là-bas, derrière les piliers noirs des arbres maigres de l’horizon.