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terres de soleil et de sommeil

de vieilles cantines en bois, tout un bazar étrange et malpropre ; puis deux ou trois bœufs, des bouviers bayas, des enfants nus avec des arcs et des flèches, enfin deux traitants indigènes à cheval, les chefs de cette suite bizarre ; derrière encore, des femmes se hâtent avec leurs entassements de calebasses sur la tête, et des hommes armés de vieux fusils à pierre qu’ils portent sur l’épaule, la crosse en l’air… La première fois depuis Laï que nous rencontrons des hommes sur notre route, la première fois que nous sentons l’approche de notre race… J’en ai presque une tristesse, sachant qu’un songe doré va s’achever. Mais la route ne laisse pas de temps aux regrets ; elle abolit hier et demain également, pour laisser maître le charme imprécis des minutes…

Bayanga, c’est propre et soigné comme un paysage de Constable. Des cases s’égrènent sans aucun ordre parmi la claire futaie qui fait des taches d’ombre sur la grisaille des toits de chaume. Le village respire le bonheur et la pa-