Page:Psichari - Terres de soleil et de sommeil (1917).djvu/253

Cette page n’a pas encore été corrigée
219
terres de soleil et de sommeil

fin et souple, plein d’esprit et de ressource. Il n’inspire pas une pleine confiance. Mais comme il a de la race, et comme peu de chose le sépare de nous !

Vers le soir, il a fait venir des musiciens. Il y avait un homme qui jouait du tambour, la tête un peu penchée, les yeux mi-clos, la face et tout le corps immobiles, tandis que les bras s’agitaient furieusement. Il y avait le porteur des clochettes — deux clochettes de fer accouplées qu’il frappait avec un marteau de bois — , et beaucoup d’autres hommes qui remuaient de petits paniers emplis de cailloux. Les Bayas se sont mis en cercle. Un chant de joie s’est élevé, et il était triste comme un chant de deuil. Et les pieds frappaient le sol rageusement, tandis que les torses s’agitaient au rythme exact des instruments. Mais ce qui me plaisait surtout, c’était ce petit nabot qui se roulait dans la poussière en faisant d’horribles grimaces, et que personne ne regardait, et qui avait la sublime laideur d’un bouffon.