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terres de soleil et de sommeil

arrose Mambéré, que nous avons appelé Carnot.

Mambéré ! Que de fois nos Bayas ont répété ces douces syllabes qui leur chantaient comme un air de ciel natal. Car ils aiment leur terre et son manioc, et ses cases rondes parmi les bananiers. Un peu de leur tendresse est la mienne ; mais ce que j’aime par-dessus tout, ce sont les ciels infiniment gris où se fondent, en une harmonie désolée, les coteaux bas de l’horizon, et la chanson des hommes, si pauvre et si lointaine.

Toute la journée, Yenga est resté près de notre tente. Il porte un grand boubou où s’accrochent des quantités de petites médailles en cuir rouge, les grisgris aoussas. La face longue, où clignotent deux petits yeux emplis de malice, la lèvre mince et sinueuse, la noblesse de son geste font qu’on voudrait le connaître et qu’il attire.

Une barbe étroite pend au-dessous de son menton.

Il parle beaucoup et doucement. Il a l’air