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terres de soleil et de sommeil

XII

31 mai, Zaourou-Yenga. — En arrivant vers la vallée si verte et si tourmentée de la Nana, un bien-être immense m’envahit. Je retrouve cette émotion délicieuse qui me possédait aux soirs limpides de la Penndé — mais avec plus d’attendrissement et d’intimité. Il me semble que je revois une patrie. Et n’est-ce pas une patrie, en effet, la terre où nous avons laissé un peu de nous-mêmes, où un peu de beauté nouvelle nous est venue ? Ce petit torrent qui coule dans une épaisse verdure, parmi des palmes et des réseaux de lianes, c’est Yolé, qui coule vers Nana. « Nana », c’est la mère, la bonne mère des Bayas. Et c’est elle qui