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terres de soleil et de sommeil

attendre sagement près de la nappe blanche.

Moi, je contemple sans trêve le grand sauvage qui est là, sous l’arbre, devant la tente. C’est le guide qui est parti du Yadé avec nous pour nous mener à Bouala… Il est allé chercher dans la brousse de grandes feuilles de latanier pour se faire un lit. Mais comme elles sont mouillées et froides, il les chauffe d’abord au grand feu qui brûle près de lui. Puis il les étale avec soin sur la terre. Il place sous sa tête un petit paquet de feuilles plus petites. Et il s’étend. Non, ce n’est pas cela encore. 11 se redresse lentement, et replace quelques feuilles sous sa tête. La couche est prête pour la nuit. Il a près de lui une calebasse avec des herbes cuites et des arachides. Il mange sans hâte, à grandes bouchées. Maintenant, il verse de l’eau sur ses mains, remue les tisons de son feu et se couche sur le dos, les yeux ouverts vers le ciel — sans penser.

J’admire comme il connaît les choses qui m’entourent et que je ne sais pas voir, comme