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terres de soleil et de sommeil

d’autres nuages, nous posséderont et nous serons arrachés encore à la vie, à la vie amie et quotidienne.

Puis le soir, dans un site analogue à celui-ci, nous nous retrouverons parmi nous, au milieu des êtres familiers qui nous entourent. La tente s’élèvera, comme une chanson joyeuse dans le silence, et les bœufs rentreront dans la vapeur rouge du crépuscule, conduits par les Foulbés tout droits dans leurs loques de laine et beaux comme des demi-dieux. Et les jours se suivront ainsi, identiques et divers. Ah ! pourquoi s’arrêter jamais et jeter l’ancre ? Le voyage, n’est-ce pas le rêve lui-même qui se réalise sous des formes sans cesse nouvelles, sans s’épuiser jamais et sans mourir ? Vous le savez, pasteurs, ô fils des routes, Foulbés nomades, éternels voyageurs !

Il fait nuit. Les boys servent la collation. Le vent du Nord nous grise de plaisir, et nos deux chiens sauvages, Laï et Laka, depuis longtemps déjà familiers et amis, viennent