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terres de soleil et de sommeil

silencieuse du jour, toute notre vie vient s’enfermer entre ces deux lignes obliques de verdure. La tente fait une tache blanche sur le fond des grands arbres. Tout autour, les chevaux, attachés aux troncs clairs de la pente… Et voici que les bœufs reviennent des prairies et se pressent pour la nuit, sans bruit, accoutumés à l’imprévu quotidien, aux hasards toujours nouveaux de la route. Tout est là, toute notre vie, bien enclose et paisible, parmi les étendues des campagnes…

Des feux s’allument ; nos Bayas sont autour, par cinq, par six, accroupis en cercle, et parlant doucement, sans nul éclat, de la Mambéré prochaine. Combien j’aime ce peuple qui ne rêve pas et ne prie pas !

Les Foulbés ont fait des cases de verdure autour du troupeau qui rumine doucement aux caresses de la nuit. Intimité charmante, bonheur ineffable de la route ! Bonté des heures nocturnes où tout repose infiniment ! Demain, une autre route nous distraira du rêve ; d’autres arbres, d’autres coteaux, d’autres rivières,