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terres de soleil et de sommeil

avoir de bon en moi-même… Secretum meum mihi……

Les roches s’amoncellent de plus en plus et prennent des faces étranges : des tuyaux d’orgue surgissent vers le ciel découpé comme en un décor de théâtre ; des monstres de quartz noir apparaissent au détour des sentiers : des hippogriffes mythiques surplombent des gouffres insondés : une fine aiguille de pierre jaillit comme un jet d’eau de glace figé depuis l’éternité. Mais là-bas, vers le Sud, la plaine infinie se déroule. Là-bas, c’est l’Ouam, puis la Nana, puis la douce Mambéré, chère aux Bayas.

Dans ces montagnes, la terre me violente avec délices et me ravit de douleur mâle. Pourquoi désormais chercher ailleurs le spleen qui nous aide à nous mieux connaître ? En quel autre lieu pourrions-nous mieux sonder toutes nos plaies et sentir notre stérilité ? Dans ce cycle sombre où l’horizon s’est aboli avec tout espoir humain, la tristesse vient d’une grande force ténébreuse qui enveloppe toute chose.

Parmi ce désordre, où le cœur pourra-t-il se