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terres de soleil et de sommeil

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20 mai, Yadé. — En arrivant à Yadé, je souhaitais presque de l’hostilité, et que le village fût désert.

Ce pays conseille la force et l’approuve. Pour une âme violente et navrée, c’est un cadre naturel où elle se complaît en s’y réfléchissant. Et puis la solitude — celle d’ici, inconnue chez nous — fait détester les hommes. Il est curieux de voir comme l’on s’y accoutume avec facilité. Dans la vie du monde, on s’habitue à la laideur et aux grimaces. Ici, la moindre faute de goût serait douloureuse. Mon œil ne veut plus que cette beauté solitaire et passionnée où je garde à l’abri ce qu’il peut y