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terres de soleil et de sommeil

ruban de moire dans du violet sombre, sinuant entre les pentes des collines.

De temps en temps, l’eau tombait de roche en roche comme d’une cascade en rocaille dans un parc démodé, et, au loin, à l’endroit où la rivière se perdait, je voyais deux grandes masses noires qui s’envolaient de chaque côté de la vallée, comme les deux ailes de quelque chauve-souris gigantesque.

Et tout cela était d’une mélancolie sans espoir…

Chez nous, dans les sites les plus désolés de notre France, quelque chose toujours nous parle et nous console : un angélus lointain, des rumeurs confuses de ville, la chanson basse et fatiguée d’un pâtre… Ici, nulle lueur humaine et nous sommes bien seuls, dans notre orgueil et notre domination.