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terres de soleil et de sommeil

s’enfuient, sournois et farouches, à notre approche. Ils ont la tête rasée avec une grosse touffe de cheveux au sommet. Dans le lobe de l’oreille, ils portent de longs morceaux de bois.

Est-ce déjà le regret de la plaine heureuse, où la marche était douce et la vie facile ? Mais on éprouve une lassitude mélancolique — avec une attente vague de spectacles rudes et imprévus.

Sur la roule, ce matin, il y avait des granits et des affleurements de latérite. Les bœufs n’ont pas trouvé d’herbe, et ce soir ils sont allés très loin pour manger. Le sentier était loin du fleuve, qu’on devinait par delà les collines monotones, semblables à un parc anglais qu’attristerait un éternel automne, sans fleurs et sans chansons.