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terres de soleil et de sommeil

droite et sur la rive gauche, à quelque distance de la rivière, une ligne de buissons clairs marque en quelque sorte l’entrée dans le mystère ami de la brousse. Et, parmi cela, s’offrent des villages heureux où les hommes sont sains et vigoureux, où de grands vieillards fument de longues pipes sous l’ombre propice d’un haut nété ou d’un tamarinier. Une grande douceur est en ces gens. Sur les routes, on ne les rencontre point armés de flèches ni de sagaies, mais seulement d’une latte de bois très courte et recourbée, avec des dessins symétriques. Ce sont des Mbaïs, proches parents des Lakkas, mais plus lourds et moins souples, et moins guerriers aussi…

Nasia, c’est le village d’hier et le village de demain. Mais comme j’aime l’ombre de son grand arbre, après les sables brûlants de la Penndé, et ses fermes encloses d’un secco en paille où circulent les moutons et les béliers cornus, et toute la vie enfin qui est là, presque inconsciente, si près du bonheur et de la sagesse !