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terres de soleil et de sommeil

que immobile dans son éternelle descente vers le Nord.

Aujourd’hui la Penndé m’est familière et connue. Chaque heure, je suis heureux de la revoir, de constater ses aspects divers et toujours semblables pourtant, de me plonger dans sa monotonie si pleine d’indifférence et de noblesse.

Ce qui est remarquable dans cette vallée, c’est que rien d’inutile n’y apparaît. Le large lit de la rivière ne fait pas de détours, mais décrit seulement de vastes courbes sans aucun ornement. C’est une grande ligne que l’œil suit à l’infini et qui donne, comme un temple antique, l’idée d’une perfection achevée et définitive.

La berge, toujours nue et désolée, est à pic du côté où le courant a plus de force. Sur l’autre rive, des chapelets d’étangs dorment éternellement parmi les herbes d’où sort seulement de temps en temps le crachement asthmatique d’un hippopotame. Mais la campagne est charmante et soignée. Sur la rive