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terres de soleil et de sommeil

tout à l’heure sur le fleuve aimé ! Pays d’ombres, empli de magie ! Les sables clairs, et là-bas des bancs de sable si blonds, entremêlés, enlacés, confus, où la pensée va se perdre… Il y a des îles… On ne comprend pas bien… La nuit est une robe d’évêque. L’ombre terrestre est violette. Quelle profondeur aux horizons lunaires !…

Certes, l’idéal humain est rabaissé ici et la morale disparaît, fondue par ces deux puissances dissolvantes : le soleil de mort, la lune de mort.

Mais ne sommes-nous pas meilleurs, malgré tout, d’être enveloppés de tant d’infini, et nos pensées ne sont-elles pas plus belles, de se développer librement dans le cadre éternel dont les limites sont si lointaines qu’on ne peut plus les ramener à la compréhension humaine, plus nobles de se mouvoir dans le primitif rayonnement des jours et des nuits égales ?…