Page:Psichari - Terres de soleil et de sommeil (1917).djvu/212

Cette page n’a pas encore été corrigée
178
terres de soleil et de sommeil

roulement au charme mystérieux des heures, ii me sembla qu’une vérité forte s’affirmait.

De la vérandah, on voit toutes les choses du dehors comme blanchies par la lumière ardente du soleil. L’astre est si haut qu’il n’y a pas une raie d’ombre et tout s’immobilise dans le silence à peine traversé de quelques cris rauques d’oiseau de proie. Vie douce, doux instants, dans la voluptueuse chaleur des jours, à ne rien faire… L’impression est fugace, frémissante et entière. La trame des jours ne se fait pas d’actes divers, mais d’impressions diverses, aux couleurs vives sitôt passées.

Je compris que je n’étais pas encore pleinement résigné à la bonne candeur animale de la Terre, et je m’abandonnai en vaincu au fil des images capricieuses des heures. Les particularités géographiques et ethniques que l’on note avec avidité m’apparurent un néant plein de tristesse. Que cela était peu, en regard du tissu spécifique de la vie, de l’ensemble harmonieux des minutes égales qui fait notre âme amie