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terres de soleil et de sommeil

religieuse : la croyance à l’immortalité de l’âme. Encore ce dogme ne suppose-t-il aucune divinité. Ils respectent la mort et les morts. A certaines fêtes, ils apportent au pied des tombes des vivres et du vin de maïs destinés aux ombres. Simple hommage à la puissance — non redoutée — mais vénérée du Destin. Où le scepticisme éclate, où le sourire réapparaît, c’est dans leur attitude vis-à-vis des sorciers. Le sorcier est l’ornement du village et représente une tradition. Ses arrêts, pourtant, sont peu respectés et s’ils sont même requis, c’est précisément qu’en eux réside une source de disputes où l’esprit subtil et chicanier du noir se plaît infiniment.

Un homme est accusé de sorcellerie. On décide une épreuve qui est exactement le « Jugement de Dieu » du moyen âge. L’inculpé doit se laisser choir du haut d’une branche. S’il se casse un membre, il est coupable ; s’il ne se fait pas de mal, il est innocent. Mais cette grande interrogation aux puissances occultes qui nous mènent, n’est ici qu’une parodie.