Page:Psichari - Terres de soleil et de sommeil (1917).djvu/207

Cette page n’a pas encore été corrigée
173
terres de soleil et de sommeil

Soyons d’ailleurs persuades que ces hommes sont beaucoup plus préparés que nous à regarder en face l’aveugle puissance du Destin et que, s’ils n’ont pas l’idée de la fatalité aussi nette que nous, ils gardent du moins de sa force mystérieuse un sentiment profond et sûr auquel nous ne pouvons plus prétendre.

Le vieux Logone qu’écrase éternellement un soleil de mort, n’apprend-il pas la résignation et doit-on s’étonner du sourire renseigné de ses riverains ?

Je ne pense pas que les gens de Laï soient fatalistes, au sens philosophique du mot. Leur résignation n’est pas celle de l’Islam, toute faite d’une foi à laquelle ils sont encore rebelles. Elle vient plutôt d’un complet scepticisme auquel nous avons peine à nous habituer, quelque libérés que nous soyons des ancestrales croyances.

La « métaphysique » des Massas — ceux-ci forment la majeure partie de la population très diverse du pays de Laï — est à ce point de vue Curieuse. Elle ne retient qu’une croyance