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terres de soleil et de sommeil

C’est le génie mauvais qui met les vers dans les charognes, par qui toute chose se décompose et s’imprègne de la putrescente odeur des cadavres. Dans l’ardente saison où toute ombre est morte, les fleurs, les arbres et la terre elle-même semblent avoir peur de la vie.

Les heures pareilles, inondées d’une identique lumière, semblent en déroute, accablées par le mystère de cette puissance redoutable du jour. Mais les hommes aussi paraissent en désarroi. Ils n’ont pas voulu lutter contre le dieu impitoyable, et gardent sur leurs faces enfantines le sourire résigné des victimes.

Nous sommes venus auprès d’eux, et nous ne les avons pas changés. Toujours vêtus de la peau de mouton qui leur pend au derrière, créatures aux gestes sobres et mesurés, ils ont souri et sont retournés à leurs tanières, semblables à de monstrueux silènes que des hommes des villes viendraient voir.

Leur histoire est navrante. Laï, au croisement des routes qui, du Logone, de la Penndé,