Page:Psichari - Terres de soleil et de sommeil (1917).djvu/202

Cette page n’a pas encore été corrigée
168
terres de soleil et de sommeil

Cela, c’est notre apport, notre contribution à l’œuvre déjà commencée par la solitude et le silence.

Dans la plaine de Laï, il n’y a point de sentiers pour gêner le promeneur et le vagabond. Nous préférons cela à la mode de nos campagnes françaises, où chacun de nos pas nous avertit que d’autres pas identiques ont précédé les nôtres.

Tel midi, auprès des cases pressées le long de la berge à pic du fleuve, immondes et grouillantes, c’était une chaude musique, encore inentendue, qui s’élevait.

La couleur, à cette heure, fait place à la lumière et tout est blanc, d’un blanc de mort, si intense, qu’il est peut-être du bruit. Mais dans cette atmosphère métallique, vibre un sensualisme sévère, aux ordres impérieux. Nous sommes vaincus, et l’âme en paix, l’esprit inondé d’une joie neuve et inconnue, nous écoutons l’unique murmure des midis.