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terres de soleil et de sommeil

ment l’éternelle chevauchée des antilopes qui reviennent du fleuve. Nul frisson n’anime la plaine immobile. Pas un souffle ne remue les herbes rares et courtes.

Seulement, de temps en temps, un gros lézard, dans un maigre buisson, fait un bruit de tiges mortes remuées, sans écho, et tout de suite perdu dans la désolation ambiante. Exténué, on revient vers la case, où un peu d*air circule parmi les spacieuses vérandahs.

On ne pense pas, mais pourtant tout apparaît simple et bienfaisant. Vaguement, on sent que des teintes violettes de l’horizon, des odeurs chaudes comme le contact d’une femme amoureuse, des mille brins d’herbe immobiles et comme en extase devant le large disque du soleil, des sables dorés qui font de grands dessins dans la campagne, que de tout cela qui est pourtant si peu de chose, se dégage une certitude.

La certitude que le bonheur humain est ici, pour qui sait le trouver. Il y faut seulement une âme violente, toute occupée à vivre, et de l’esprit.