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terres de soleil et de sommeil

fait descendre dans le tréfonds de nos consciences.

La vie, sous de telles impressions, apparaît bonne et facile. Aucune contrainte ne subsiste dans le cours de la pensée, ni dans l’habitude des jours. On vante la liberté des mœurs sous les tropiques, ou l’on s’indigne de leur dépravation. L’éloge et le blâme partent d’une même incompréhension. Dans le sens où nous l’entendons, ces mœurs ne sont pas dépravées ; elles sont empreintes seulement de ce normal désir de jouir parfaitement de la minute qui passe, et s’accordent en une complète harmonie avec les odeurs qui s’exhalent du sol, avec la nature elle-même qui chante le mépris de notre morale.

Aussi telle coucherie, qui chez nous serait ignoble, apparaît ici saine et permise. Les danses de la plupart des peuples du Soudan et du Congo figurent avec un réalisme puissant, la lutte des sens dans toutes ses variétés les plus savantes. Voilà qui nous enseigne parfaitement les raisons des actions tropicales. Car