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terres de soleil et de sommeil

secco en paille tressée… Un enfant qui pleure… Un homme qui tire de lourds filets hors de l’eau… Puis de nouveau c’est la plaine, à peine bordée dans le lointain par une mince ligne d’arbustes grêles. La pauvre plaine du Logone, immobile et douce comme un vieux parc abandonné où s’ébattraient encore des bêtes étranges et merveilleuses. Là-bas, en effet, s’effarouchent les claires antilopes et les grands kebs grisâtres et les bubales au galop pesant de pachyderme. Sur le sable du sentier, des empreintes de lions. A deux jours d’ici, des indigènes nous ont montré un village à moitié détruit qu’ils appellent le « village cassé par les lions… »

Et c’est merveille, cette faune bondissante, que notre passage dérange à peine, et qui est la parure unique des solitudes du Logone.

En tête du troupeau pressé de nos bœufs, les bouviers fellatas chantent continuellement les litanies de leur pays, cependant que les grandes cornes minces des Bororos s’inclinent alternativement à droite et à gauche,