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terres de soleil et de sommeil

Il faisait une fraîcheur exquise. Vers l’est, un gros disque rouge et fuligineux émergeait lentement de la ligne basse de l’horizon. Il y avait sur le miroir de l’eau des fuites soudaines d’irisors et de canards sauvages qui criaient horriblement. Tout cela était propre, soigné, comme une aquarelle bien lavée. Aucun encombrement. Aucune violence, toutes les nuances s’accordaient à créer en nous du bien-être et du contentement.

Je montais un grand cheval de race foulbé, et quand nous dépassions, mon compagnon et moi, le long ruban de notre colonne par un temps de galop, nous nous sentions perdus, très loin, plus haut, dans quelqu’un de ces paysages planétaires imaginés par les primitifs italiens pour figurer le Paradis terrestre, où des gazelles chevauchent dans des prairies bleues en détournant la tête vers le public.

De temps en temps, un gros bouquet d’arbres au bord du fleuve annonçait un village… Autour d’un tamarinier millénaire, quelques cases en désordre, tontes entourées d*un