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terres de soleil et de sommeil

« Religieux, les Iraniens l’étaient au suprême degré, » nous dit M. de Gobineau[1]. Comment s’étonner qu’ils aient choisi l’Islam, qu’ils s’y soient donnés tout entiers avec tant de ferveur, jusqu’à en faire le fond même et le tissu premier de leur existence ?…

Maintenant, bien des mois après mon passage à Binder, j’essaie de rétablir la suite des âges et d’évoquer le passé avec précision. Du fond des siècles je les vois venir ; ils traversent des steppes désolées et de rouges déserts. Conduits par le soleil couchant, ils passent l’Arabie pétrée, après avoir laissé derrière eux les hauts plateaux de la Sogdiane et de la Bactriane. Voici l’isthme de Suez, puis l’Égypte, qui fut longtemps une province de la Perse et dont Cambyse fit la conquête.

Ils remontent l’insigne vallée du Nil, puis ils reprennent leur route vers l’occident. Ici nous ne savons rien… Poussés par d’obscurs désastres, ils traversent le continent noir et, après ce fabuleux voyage, ils fondent leur empire

  1. Histoire des Perses, etc., p. 38.