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terres de soleil et de sommeil

Tréné. Ce nom chante doucement à ma mémoire. Je me le redis sans cesse, comme mes porteurs bayas sur la route chantaient sans se lasser leur éternelle gamme en mineur… Tréné ! c’est un thrène, une caresse lente qui ne s’achève pas, un parfum triste qui se traîne…

De grands oiseaux pêcheurs, des sarcelles, des aigrettes tournent au-dessus de l’eau étale. Des collines roses et violettes enserrent le lac étroit comme un cadre de pierreries, une miniature d’autrefois.

En bas, le Kabi sinue, après un court delta, parmi des prairies vertes qui dorment. Mais à Léré, mon souvenir retourne obstinément vers la vieille ville des Foulbés qui dort là-bas sous l’ardente brume du soleil, parmi l’odeur des mimosas, éternellement.