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terres de soleil et de sommeil

plus sinistre que tout ce que j’avais pu voir jusqu’alors.

A quelques centaines de mètres de notre route, se dressait un monstrueux monolithe, en poussée verticale, surgi vers le ciel, tout droit. Au pied de la montagne, quelques feux marquaient un village.

Nos chevaux ne voulaient plus avancer. Nous décidâmes de coucher là. Près de la case du chef, entourée d’un secco en paille tressée, Djibril me fit cuire un poulet, en le présentant quelques minutes devant un grand feu de bois. Après ce frugal dîner, je m’étendis sur une natte, harassé de fatigue.

Incomparable nuit, dont le souvenir est si vivant en moi, qu’il me possède encore jusqu’à la douleur !

Des rêves incohérents fulguraient en images vives, passaient, emportés par le vent qui tournait autour de la montagne. Je m’éveillais souvent avec un vide effroyable dans le cerveau, la sensation de tomber dans un grand trou sans fin, vertige délicieux qui valait pour moi la