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terres de soleil et de sommeil

partons tous deux, très loin, partons vite, au delà des plaines, au delà des vallées sablonneuses des mayos ; partons vers ces montagnes de rêve qui bleuissent à l’horizon clair, quelque part vers le nord, ailleurs… Djibril ne dit rien. Les genoux hauts, les jambes nues, les pieds pris dans l’étrier court avec le pouce en dehors du fer, à la manière foulbé, il se laisse aller au rythme du galop, en taquinant la bouche de son grand cheval bai.

Des palmiers hyphènes apparaissent, et des arbustes épineux. Puis à travers des pierres et des rochers, on descend vers un fleuve de sable que surplombent de fauves et maigres frondaisons. Après, c’est une colline noire aux flancs arrondis. Dans un village, une femme m’apporte une petite outre emplie d’une eau glaciale.

Des steppes infinies succèdent aux vallonnements gracieux où chante un hymne printanier. La divine équipée !…

Pendant ces heures de libre chevauchée, en un tel pays, on s’adonne à la terre avec