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terres de soleil et de sommeil

VII

Mais par delà les faubourgs de la cité, la vie semble se prolonger un peu, avant le grand accablement de la brousse. La campagne sourit parmi les buissons bas et épineux, ondulée à l’infini, comme les grandes vagues de fond de l’Atlantique. Des porteuses de mil, de petits ânes chargés de sacs pesants vont vers Binder. Sur la grande route de Maroua, sur les sables et les pierres de la route, je galope à côté d’un jeune Foulbé. Je connais son nom, c’est Djibril, notre Gabriel (comme Djani est Jean, noms hébreux transmis sans doute par le Koran). Djibril, enfant barbare aux yeux brillants, jeune Centaure farouche et silencieux,