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terres de soleil et de sommeil

arbre, qui cousaient ensemble les minces bandes d’étoffe sorties des métiers, pour en faire des robes et des boubous. Tout près d’eux étaient quatre puits larges et peu profonds. C’est là que les Foulbés préparent l’indigo, le noir et l’ocre qui servent à la teinture des étoffes. Le soleil inondait de lumière les jardinets enclos de murs délabrés ; même ici, dans ce faubourg de travailleurs, je ressens l’impression du premier jour, sur la place de Binder, celle d’une vie éteinte et ralentie. Je pense que depuis des siècles, les mêmes hommes sont là, tissant la laine de père en fils, sans mauvaises pensées, sans chagrins.

A Binder, il n’y a pas de maçons ; les maisons y sont pauvres et tombent en ruines. C’est un dur métier, de construire une maison. Les Foulbés tissent la laine, cousent les étoffes, cultivent leur petit champ de coton, et conduisent leurs longs troupeaux de bœufs et de génisses. Travaux des champs, travaux des villes, mais travaux propres, travaux nobles qui n’abaissent pas l’homme, qui ne dégradent pas