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terres de soleil et de sommeil

où de pauvres arbres font un peu d’ombre claire.

Là, des hommes tissent de la laine blanche toute la journée. Les fils tendus au long des murs viennent se croiser sur l’étroit métier où l’homme travaille, assis sur un escabeau de bois. Je ne me lasse pas de les regarder : c’est toujours une belle chose que de contempler le bon travail humain. Mais ici quel calme, quel silence, quelle élégance dans les gestes et dans l’action ! Je crois voir ces tisserands aux mouvements précis qui sont figurés sur les sarcophages égyptiens. Ces hommes jeunes, silhouettes vives sur les murailles grises que vient fouiller le soleil à travers les figuiers des places, me semblent légendaires. Pour nous, le travail, c’est la misère et la douleur. Et voici de braves gens qui font leur tâche en paix, au fil des heures, sans hâte, sans tristesse comme sans joie, de braves gens qui s’occupent au bon travail humain, sans penser même, tout doucement, dans le soleil…

Plus loin, il y avait deux vieux, assis sous un