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terres de soleil et de sommeil

de nouvelles de mon pays et des miens. On a marché simplement, sans hâte, très longtemps. On a vu des forêts, des montagnes, des plaines, des fleuves, des villages avec toujours les pieds sur la bonne terre, en contact direct avec la terre, et le cœur en commerce intime avec le cœur des choses, sans aucune idée adventice, ou étrangère, sans que rien s’interposât entre nous et les choses. Et puis ce fut Binder, le point le plus septentrional de notre parcours…

Je revois la ville si belle dans le soleil de midi, si simple, sans beaux costumes, sans belles maisons, sans rien de beau, sans rien à voir, mais dont l’âme imprécise, familière et religieuse, simple, tendue, vous enveloppe comme la caresse automnale de nos vents de l’Ile de France ; les maisons toutes nues parmi la terre nue et les coupoles de terre où s’entasse le mil pour la saison sèche, économie et prévoyance paysannes, les coupoles grises de ces gens qui connaissent leur terre, qui savent qu’elle est mauvaise, et bonne tout de même ; les