Page:Psichari - Terres de soleil et de sommeil (1917).djvu/155

Cette page n’a pas encore été corrigée
121
terres de soleil et de sommeil

partie nord de la ville. Une large avenue, bordée de petits champs de coton, de pauvres cases éparses avec des greniers à mil aux coupoles grises, çà et là, et puis, c’est le grand lit sablonneux de la rivière, en ce moment à sec, un grand fleuve de sable, immobile et endormi. On a l’impression d’un grand cataclysme qui aurait arrêté la vie du fleuve, qui l’aurait figé dans sa nonchalante attitude.

Terre de désastre qui semble ancienne, préhistorique ; l’écorce nue et inchangée de la terre, figée elle aussi parmi l’universel devenir. Terre de banlieue avec la tristesse des banlieues. La plaine s’allonge, sans un coin qui sourie, sans un carré de terre arable. Seulement des cycles de muraille — les villages des environs — coupent la grande circonférence de l’horizon. Et partout ailleurs, c’est le vieux sol rocheux de la vieille terre, où rien n’est venu s’ajouter, la vieille matière qui fait songer à une planète sans vie, roulant, encore informe, dans le primitif chaos……

De l’autre côté du mayo, je m’arrête plein