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terres de soleil et de sommeil

IV

Le soir même de mon arrivée à Binder, j’ai compris, par une vision singulière, le sens de la ville foulbé et son mérite particulier. Sur la place où filtrait un dernier rais de lumière mourante, des cavaliers ont surgi, soudainement apparus dans le décor de murailles grises où il semble que la vie depuis des milliers d’années se soit cristallisée. Le lamido revenait de la chasse avec ses gens. Tous encapuchonnés, vêtus de claires gandourahs, et caracolant sur leurs grands chevaux maigres, aux poitrails enveloppés de longues robes brodées, tous semblables dans le pénultième rayon de soleil qui prolongeait leurs ombres vers moi,