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terres de soleil et de sommeil

servées avec une merveilleuse pureté, un lieu que cette religion était déformée et enlaidie dans les centres de civilisation urbaine de l’Afrique du Nord et de l’Asie[1]. A Binder, dans ce canton de foi primitive et simplifiée, nulle des superstitions et des dévotions étroites de la Syrie ou de l’Égypte ne sauraient exister ; les derviches et les oulémas fanatiques du Maroc y seraient des incompris. « A force de simplifier sa religion, dit Renan en parlant de l’Arabe bédouin[2], il en vient presque à la supprimer ; c’est assurément le moins mystique et le moins dévot des hommes. La religion ne dégénère jamais en crainte servile ; le monothéisme est moins pour lui une religion positive qu’une manière de repousser la superstition. » Ce jugement s’appliquerait en quelque manière au Foulbé. Non pourtant qu’il arrive à supprimer sa religion. Sa religion est toute sa vie ; elle l’occupe tout

  1. Le désert et le Soudan, études sur l’Afrique au nord de l’Equateur, par M. le comte d’Escayrac de Lauture, Paris, 1853, ap. Renan, Mélanges d’histoire et de voyage, Paris, 1878, page 300, 305 et 310.
  2. Loc. cit., page 312.