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terres de soleil et de sommeil

Nord, absorbé dans des pratiques étroites, plein d’inquiétude et de violence, qui est le grand arrêt de la vie, l’annonce même de la mort parmi la vie. Mais le bon Islam des premiers temps, la bonne parole de Mahomet, la foi des pasteurs. Religion de la vie alors, et beaucoup plus que le christianisme ; religion de la vie, qui s’accommode à elle, qui la prend telle qu’elle est, sans la brusquer ni la violenter, Religion occupée de la terre, très peu mystique. Ici, plus qu’à Fez, plus qu’à Constantinople, plus même qu’à Téhéran, nous pouvons comprendre le véritable sens de l’Islam. Quel étonnement de le retrouver pur, intact, tel sans doute qu’il était, lorsque les disciples, près de la tente et des troupeaux de moutons, écrivaient les paroles du maître sur des feuilles de palmier. Un voyageur qui, vers le milieu du siècle dernier, avait passé de longues années au Soudan et dans toute l’Afrique musulmane, le comte d’Escayrac de Lauture, avait été surpris de trouver dans le fond du désert les mœurs, la langue et la religion de l’Islam con-