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terres de soleil et de sommeil

Sur la place, des hommes passent, vêtus de longs boubous de laine blanche finement brodée. Ils sont tous semblables, délicats et souples, aux gestes gracieux. Ils ont le nez court, légèrement busqué, la bouche sinueuse et spirituelle, le regard caressant comme celui des Sémites. Nulle ardeur de vivre n’est en eux, nulle tension d’âme ni de pensée. On pense à ces belles races de lévriers, aux attitudes nobles, mais paresseuses.

Que j’aime leur geste d’insouciance aux questions qu’on leur adresse, de jeter les deux mains en avant, la paume en dessus, avec cet imperceptible mouvement des épaules qui semblent lasses… Geste d’insouciance humaine, de découragement humain, sans nulle spiritualité ; un geste qui n’est pas de la désespérance métaphysique, mais un pauvre geste de vérité, avec une lassitude presque physique. Les deux mains jetées vers la terre, c’est-à-dire un geste vraiment terrestre, celui qui s’adresse à la terre, non au ciel.

C’est tout l’Islam, mais non l’Islam du