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terres de soleil et de sommeil

« Allah in Allah ! Mahmadou rassoul Allah. » De la place où un karité séculaire fait un cercle d’ombre, s’élève le grand cri de l’Islam, si émouvant dans sa morne ferveur. Le grand appel du cœur est comme jeté dans le désert. Nulle voix ne répond, et c’est tout un peuple pourtant qui clame vers l’Orient sa plainte monotone. « Allah in Allah ! ». J’entends là un immense découragement en un cœur apaisé. Si là-bas, vers le Nord, l’Islam est fanatique, ici il est un rêve, un rêve perpétuel qui enveloppe toute la vie et lui donne sa raison profonde. L’Islam n’est point une partie des Foulbés, comme le catholicisme est une partie de nous-mêmes. Il est la trame de leur vie ; il est eux-mêmes. Et tous sont pareils maintenant, tournés vers le Prophète, anéantis dans sa lumière de mort, irradiée sur eux depuis des siècles. Sous le grand karité, de lourds boubous en laine blanche se prosternent et les têtes baisent la terre. Admirable symbole, et qui surtout convient bien à ceux-là, enfants de la terre, amants de la terre ! Geste noble,