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terres de soleil et de sommeil

l’âme foulbé, l’âme silencieuse des Foulbés. Le décor me plaisait par son insignifiance. Dans la petite ruelle qui me menait à la place où s’érigent les cases du lamido[1], c’étaient deux rangées de murs tendant toutes droites leurs lignes monotones, une ruelle emplie de soleil et de silence. Le pas de mon cheval résonnait clair dans ce grand accablement de midi. Sous un gommier poussé entre deux murs, un vieux foulbé à teint presque blanc, à barbe blanche, égrenait un chapelet. Tout à coup, une tourelle basse, percée de deux portes, laissait voir un jardin : un petit carré planté de chanvre ; un petit carré avec des cotonniers, et, derrière, une autre muraille grise semblable aux autres. Personne. Et rien, que toujours la même chose, si peu de chose ! Point d’orgueil, ni de triomphe… Gomme ils sont vieux pourtant, ces hommes, venus jadis, dit-on, des profondeurs de l’Orient, toujours semblables, malgré les horizons entrevus, et les aventures des routes !…

  1. Lamido, chef, en foulbé.