Page:Psichari - Terres de soleil et de sommeil (1917).djvu/135

Cette page n’a pas encore été corrigée
101
terres de soleil et de sommeil

LA BATAILLE DE MARATHON

I

J’éprouve à séjourner plusieurs jours dans un poste après de longues routes chez les Barbares, une indicible tristesse et un morne accablement. A la mince satisfaction de revoir des hommes de ma race, je préfère encore les mystères insoupçonnés de la brousse, ses splendeurs et ses misères. Le repos complet, succédant trop vite à une activité tendue, me semble une petite mort ; il m’inflige cette pénible certitude qu’un peu de ma vie est périmé et qu’un peu de moi est aboli ; que quelque chose est fini qui ne recommencera plus. Dans l’écoulement harmonieux des heures, c’est une solution de continuité qui me blesse et me con-