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terres de soleil et de sommeil

boire avidement. Des petites bourgades de terre, Dagon, Bikouloum, stagnent parmi la solitude embrasée. Comme d’impénétrables termitières, les châteaux-forts surgissent aux creux des plissements monotones de la plaine. Un peu de vie agricole et familiale y végète. Les grands bœufs bossus paissent aux entours des maisons. Des cactus sombres se pressent par endroits. Le soleil, maintenant très bas, nage dans une buée légère faite de lumière rose. Toute chose s’enveloppe de brouillard, irradié de clarté diffuse.

D’une dernière ondulation, nous sommes descendus dans une immense plaine herbeuse. A notre gauche se dessine une petite colline qui vient mourir en pente douce près du sentier, tandis que là-bas, vers le Nord-Est, s’étire une mince ligne d’argent bordée de rose. Je devine le lac de Tréné. Léré bientôt ! L’oubli de la grande paix ! L’oubli !…

Il fait presque nuit. On marche longtemps, encore. On ne pense plus à rien, anéanti par douze heures d’implacable soleil. Soudain, un