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terres de soleil et de sommeil

passant. Quand le soleil incendia l’Est de ses lueurs rouges, les chants funèbres cessèrent et les Bayas se dispersèrent. C’était l’heure de partir, mais, pendant qu’un boy sellait mon cheval, je restais sous le grand nété qui allait abriter Sama pour toujours…

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Combien de fois ai-je vu cela ? Combien de fois ai-je entendu les funèbres chants bayas ? Combien d’hommes ai-je vu mourir, et j’avais un cœur dur de soldat, cette volonté latente de ne pas ternir la beauté de l’action par des sentimentalismes vains…

Et ce jour-là, j’étais triste et veule et lâche et las…

Fuir ! Fuir ! Atteindre Léré… Là je trouverai sans doute un camarade. On parlera du service et on racontera des histoires de chasse, et les découragements de la route ne seront plus.

Je marche à pied très vite. Léré est loin. Un petit vent de jeunesse et de douceur circule dans l’air léger. Une odeur exquise et délicate