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terres de soleil et de sommeil

Il s’étend à terre, sans rien dire, nullement étonné, comme s’il m’attendait depuis longtemps ; il fume sa longue pipe ; il dit des phrases brèves aux enfants et ne pense à rien. Moi, je vais voir Sama. Il est caché dans un recoin obscur de la ferme où s’entassent des jarres pansues et de belles amphores. Là, près d’un bon feu que j’ai fait allumer — car les Bayas soignent peu leurs malades — il halète doucement, avec un bruit de gorge qui fait mal. L’acre fumée m’emplit les yeux ; je retourne auprès de Zâlé. Le vieux n’a pas bougé. Mais je lui fais signe de partir et me voilà seul, avec la mort qui est là, tout près. Je m’ennuie ; je ne pense à rien, non, à rien, ni à Sama, ni à personne, ni à rien. Alors je m’étends sur mon lit de camp, sans désirs, las, anéanti.

Soudain des cris aigus partent de la case où repose Sama. Je me dis simplement : il est mort… et je sors lentement. Devant la porte, les femmes bayas hurlent sauvagement, et dedans, les hommes gémissent, à genoux sur le