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terres de soleil et de sommeil

grande pitié. Qu’était-ce pourtant que cette petite chose qui partait ? Si peu de chose, ou rien, rien qui valût la peine d’une émotion ou d’une tristesse. Un noir meurt sur la route, et l’on marche, et c*est fini...

Mais toute résolution s’effaçait devant cette agonie si douce, si sauvage, si anonyme.

Les villages bien enclos s’égrènent. Maëzan, Toaré, Bichi Mafou, Bappi, Bichi Malfi. Et parfois, près d’un village, on voit un homme, un rude Moundang ; il a l’air indolent et obstiné du travailleur de la terre. Dans le tata du vieux Zâlé, il y a un petit pavillon à toit pointu dont le chaume s’effondre de toutes parts. Autour se pressent les maisons de terre où les femmes peinent avec patience. Des enfants avec de gros bedons, tout mafflus, entrent par la grande porte en paille dont la clochette tinte clair dans le murmure confus de l’arrivée. Et Zâlé apporte un petit escabeau de bois grossier, pour le blanc, une natte pour lui-même, et une amphore emplie de dolo.