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terres de soleil et de sommeil

chambre nue. Il est oppressé et, chaque fois qu’il respire, on dirait un hoquet final. Et c’est sinistre, ce grand corps maigre qui râle abandonné sur sa natte, parmi le soir violet, parmi la mort du soleil.

Je l’appelle…

— Sama !… Sama !…

Il tourne vers moi ses grands yeux de gazelle et sourit doucement.

— Sama, libri n’dai aséné, goui koré aséné ; me nô tigidi, me iummo tigidi[1].

Il jette une de ses mains vers moi, en un geste qui est presque de nos races, et il dit simplement :

— Mi in mé, marzi, mi in mé dokdok[2].

Ce sera pour cette nuit, pensai-je en le quittant. Peut-être pour demain.

  1. Sama, il y a du lait, il y a des œufs. Bois un peu, mange un peu.
  2. Je te connais, maréchal des logis. Je te connais bien (c’est-à-dire je t’aime bien).