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terres de soleil et de sommeil

vant la fuite des heures qui emporterait hier tôt ce qui avait été ma vie pendant tant de mois, rêves et souvenirs.

Lamé est presque une ville, pour ce pays où les villages ne sont que quelques groupes de cases endormies parmi les solitudes profondes. De très loin, je voyais ses murs bas, gris comme la terre, dominés par ces tourelles basses où s’entasse le mil nourricier.

Parmi le désert gris où toute chose apparaissait avec une précision parfaite, elle semblait un archaïque château-fort, ou une de ces naïves villes d’Orient qui figurent sur les vieilles éditions des histoires du sire de Joinville.

Elle m’apparaissait comme une chose morte et périmée, comme une vision abolie, inattendue et impossible, comme un rêve biblique.

Dans le tata du chef où de grandes cours, nettes comme des aires, s’ouvraient parmi le dédale des maisons basses, des cases destinées aux chevaux et des tourelles emplies de mil, je vis un vieillard qui s’avançait au devant de