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terres de soleil et de sommeil

surmontent des coupoles en terre et des toits plats, en terre également, comme ceux de ces nécropoles d’Orient où dort un passé mort et sans vestiges. Quand on pénètre à l’intérieur, on se trouve dans un dédale de couloirs, de chambres basses, tantôt circulaires, tantôt carrées, de recoins obscurs où s’empile le grain de la saison.

En venant de la plaine aride et mauvaise, on est étonné de surprendre une vie paisible et agricole, simple et enfantine. Le maître fait apporter par les femmes une grande amphore emplie de dolo capiteux et inoffensif qui est fait avec le mil fermenté. Il en boit quelques gorgées, puis s’assoit sur le sol et tire de longues bouffées de sa pipe, emplie d’un tabac fort et narcotique. Comme il fait sombre, on voit seulement la grande tache blanche de son boubou en laine tissée par les Foulbés, d’où émerge sa grosse tête rasée, empreinte de gravité et d’indifférence. Puis on repart, dans le jour qui décline, à la petite brise du soir, tandis que les grands troupeaux de bœufs se hâtent