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terres de soleil et de sommeil

une telle nature peut plaire par son ennui même et son insignifiance. Elle est douce pour qui s’amuse aux jeux infinis de la lumière, aux caprices des nuances changeantes, plus qu’aux formes requises par notre esthétique invariable et apprise.

De N’Digué à Bohon, de Bohon à Lamé, de Lamé à Léré, sur soixante kilomètres de développement, l’horizon ne cesse d’être parfaitement circulaire, comme sur une mer tranquille et paresseuse. Seulement, les lointains ont des tons exquis et changeants.

Ils se colorent en mauve, en violet, en gris, en rose, et toutes ces nuances sont comme noyées dans une fine brume solaire, impénétrable.

Les maisons des hommes ajoutent encore à la tristesse infinie du sol. De loin, elles semblent de grands tombeaux perdus au sein d’une plaine élyséenne.

Elles sont en terre grise, sans issues, sans ouvertures ; et l’on ne voit qu’un mur uni et circulaire, avec des tourelles basses que